Un livre sans virgule ni point final rythmé par la fluctuation des lignes, des lignes mises en mouvement qui semblent de jamais s’arrêter. L’Usine comme point d’ancrage, un point que l’on supprime pour dépasser la rudesse d’un quotidien ravageur.
Joseph Ponthus n’a pu écrire qu’un seul livre, le livre, un chef-d’œuvre qui rassemble, qui unit et ne juge pas. C’est l’histoire d’un homme cultivé contraint de travailler à l’usine pour gagner sa vie. Tout commence par un travail dans une usine de crevettes, puis de plats végétariens et enfin vient cette mission à l’abattoir. Ce roman qui n’en est pas un, n’est pas non plus un simple témoignage, ni un véritable poème, peut-être est-il un chant ?
Le chant des Hommes qui se frayent un chemin pour exister, pour vivre tendrement dans un monde brutal. Alors oui l’ouvrier pousse des carcasses d’animaux morts, découpe, tue, nettoie le sang et la graisse, mais il ne le fait pas par plaisir. Il obéit au rythme des machines et du capital à engraisser. Peut-on parler de servitude volontaire ? Seul un être déconnecté du quotidien, de la dureté de la vie pourrait employer ces jolis mots, car le travail reste pour eux la seule solution pour tenter de construire une vie à côté, une vie un peu meilleure parfois… Une histoire d’amour ; à moins que la violence s’y retrouve aussi, quand l’usure, la fatigue ou la bestialité nous rattrape.
Mais sans le travail, d’aucuns ne peuvent se donner une chance de construire de belles choses, un travail que chacun rêve de supprimer. Les ouvriers l’imaginent, mais ils continuent comme la machine continue de produire.
Le corps s’y soumet, l’esprit s’évade et le corps continue jusqu’à…
A ligne est un chant du corps, de l’esprit, une danse populaire, une parole humaine et vraie qu’il nous faut lire et relire pour comprendre l’odyssée quotidienne à laquelle nous sommes tous liées.
A.L
Citations :
Le temps perduCher Marcel je l’ai trouvé celui que tu recherchaisViens à l’usine je te montrerai vite faitLe temps perduTu n’auras plus besoin d’en tartiner autant. édition folio, p.62
Mon chien Pok PokSi tu savais en rentrant chaque jourComme ça me coûte d’aller te promenerJe suis au bord de l’épuisementMême pas au bord d’ailleursComplètement épuiséRavagé de fatiguePrêt à m’endormir sur place à peine mon retour »[...]Mais tu n’y es pour rienJeune chiot de six moisDans ces histoires de tueries d’humainsTu veux juste courirJouerAgripper l’océan sur la plage où nous avonscoutume d’aller édition folio p. 163-p. 164
Un texteC’est deux heuresDeux heures volés au repos au repas à ladouche et à la balade du chienJ’ai tant écrit dans ma tête puis oubliéDes phrases parfaites qui figuraientQui étaient mon travailJ’ai écrit et volé deux heures à mon quotidienet à mon ménageDes heures à l’usineDes textes et des heuresComme autant de baisés volésComme autant de bonheurEt tout ces textes que je n’ai pas écrits » édition folio p.267
2 Commentaires
Une petite merveille à partager bien sûr ...A bientôt les ami(e)S
RépondreSupprimerOui, une merveille à lire, à relire et à partager !
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