Voici un court extrait tiré du prologue d'un roman que je suis en train d'écrire :
Il était un poème qu’elle lisait souvent, son titre a disparu, elle essaye de s’en souvenir, les lettres s’effacent comme le mot écrit par les doigts d’un enfant sur des grains de sable s’envolant vers l’océan. Son histoire commence par l’oubli du titre de son poème. Les parfums embrasés des saisons passagères nourrissaient ses rêves. Elle se remplissait des vagues qui submergeaient sa conscience ; tous ces remous, ces va-et-vient et cet amour si sauvage et cruel la transportaient dans des dimensions parallèles aux nôtres. Notre dimension a perdu de son relief, la sienne était pleine d’éclat, elle possédait des formes qui nous dérobent. A-t-elle oublié de vivre ? Au contraire, elle a tant vécu et comme il est difficile de se tourner vers la vie dans un monde si hostile ! La joie est toujours incertaine, il fallait la construire, l’extirper de ce qui n’était pas encore fait. Elle y est parvenue assez souvent, en dépit des, au-delà de, pour accéder à cet espace si vide de superflu. Son histoire commence par l’oubli et tant qu’elle ne se souviendra pas du titre du poème, l’histoire ne se terminera jamais. C’est pourquoi elle navigua sur les vagues, comme l’avait fait Ulysse avant elle, car le voyage n’est pas simplement réservé aux hommes. La créativité n’est pas forcément dans l’aventure, elle est dans cet espace où le superflu disparaît.
Dans ce prologue c'est un chassé-croisé, deux voix qui se parlent et je revisite le mythe d'Ulysse et Pénélope. Pénélope est la femme qui tisse, c'est elle qui fait l'histoire, qui invente les aventures et le voyage sous toutes ses formes.
Après ce prologue commence l'histoire du roman. Il me reste encore beaucoup de travail, certes j'ai écrit plus d'une centaine de pages, mais je pense supprimer des passages pour refaire, repartir sur d'autres chemins. L'écriture de ce texte n'est donc pas terminé !
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